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"C'est effrayant, mais je le fais quand même" - Un programme pour guider les professionnels de la petite enfance dans la promotion des jeux extérieurs à risque.

"C'est effrayant, mais je le fais quand même" - Un programme pour guider les professionnels de la petite enfance dans la promotion des jeux extérieurs à risque.

Merci à Martin van Rooijen, MEd, candidat au doctorat (University of Humanistic Studies, Pays-Bas), pour la photo et sa participation à ce texte.

Les programmes de garderie et de service de garde après l’école peuvent être fort amusants pour les enfants, qui peuvent jouer ensemble, être plus turbulents et généralement s’épuiser avant que leurs parents viennent les chercher après une longue journée de travail.

Bien que le jeu soit encouragé dans ces types de programmes, les préoccupations en matière de sécurité signifient souvent que le type de jeu auquel les enfants sont autorisés à participer est fortement réglementé. Le problème est que ces réglementations peuvent en fait être préjudiciables au développement de l'enfant.

De nouvelles données sur le "jeu à risque", c'est-à-dire le jeu qui comporte un élément de risque, comme grimper aux arbres ou faire du vélo à toute vitesse, montrent que ce type de comportement présente un certain nombre d'avantages pour le développement, notamment l'amélioration de la résilience, de la confiance en soi et de la gestion des risques.

Étant donné ces preuves, on incite désormais les professionnels de la petite enfance à fournir un environnement de jeu qui est à la fois sûr et stimulant. Atteindre cet équilibre n’est toutefois pas si simple. De plus, les professionnels qui souhaitent promouvoir le jeu sûr mais risqué se heurtent souvent à la résistance de certains organismes et des parents.

Nous avons donc développé un programme de professionnalisation pour présenter les avantages du jeu à risque aux professionnels de l'enfance, les aider à faciliter le jeu à risque dans les garderies périscolaires, et leur fournir les outils pour faire face aux obstacles à la mise en œuvre du jeu à risque.

La prise de risque des enfants a été facilitée par l'introduction de "pièces détachées" : des objets et des matériaux que les enfants peuvent déplacer, ajuster et manipuler eux-mêmes. Par exemple, l'introduction de caisses et d'échelles a donné aux enfants la possibilité de jouer en hauteur, les poussettes et les chaises de bureau ont permis aux enfants de jouer plus rapidement, et les enrouleurs de câbles et les troncs d'arbres ont incité les enfants à tester leur équilibre. Nous avons ensuite étudié les difficultés rencontrées par ces professionnels pour promouvoir le jeu à risque, et ce qu'ils ont appris pour surmonter ces difficultés.

Ainsi, 62 professionnels (48 femmes, 14 hommes) des Pays-Bas venant de 7 programmes de garde d’enfants après l’école ont participé à ce programme de professionnalisation. Ce programme s’est déroulé en trois sessions en se concentrant sur la connaissance et la supervision du jeu risqué, ainsi que sur les attitudes adoptées par rapport à ce type de jeu.

Nous avons constaté que le programme a contribué à ce que les professionnels de la petite enfance aient des attitudes plus positives envers les jeux à risque. Cependant, ces professionnels ont également été confrontés à des dilemmes quant à savoir " quand laisser faire et quand intervenir ".

En encourageant la discussion entre collègues sur les différentes attitudes à l'égard des jeux à risque, le programme a effectivement renforcé la collaboration entre les professionnels et les a sensibilisés à la diversité des besoins des enfants en matière de jeux à risque.

Nous avons également constaté une « boucle de changement du jeu risqué », où l’observation d’enfants s’engageant dans le jeu risqué a eu un effet positif sur l’attitude des professionnels par rapport à ce type de jeu, qui à son tour a influencé leur attitude à l’égard de la supervision du jeu, aboutissant à une plus grande autonomie de jeu des enfants. Ainsi, la valeur la plus importante du programme de développement professionnel est son potentiel à créer un cycle autonome de jeu risqué et d’attitudes professionnelles positives envers ce type de jeu.

Ainsi, en instaurant des programmes de professionnalisation visant à favoriser le jeu risqué, ceux-ci peuvent renforcer la confiance des professionnels de la petite enfance qui doivent naviguer entre les idées apparemment contradictoires de « sécurité et de risque » pour, en fin de compte, enrichir les expériences des enfants et promouvoir un développement sain.

 

L’article complet se trouve ici (en anglais).

Martin van Rooijen a obtenu en 2013 une maîtrise en Pédagogie (écologique) (théorie de l'éducation) avec distinction sur le thème « Les parents et le jeu risqué » à l’University of Applied Sciences d’Utrecht. Il est actuellement candidat au doctorat à l’University of Humanistic Studies d’Utrecht, aux Pays-Bas, et ses recherches principales portent sur le risque dans le jeu et la résilience des enfants en milieux extérieurs, ainsi que sur le professionnalisme normatif des pédagogues avec les enfants à leur charge. Martin a monté deux terrains de jeux d’aventure dans la ville d’Utrecht et agissait en tant que coordinateur de l’équipe de jeu de 2006 à 2012. Il s’implique dans les réseaux néerlandais du jeu en nature et des droits du jeu des enfants, et il est membre de la Dutch Korczak Foundation. Il est membre du conseil d’administration de l’International Journal of Playwork Practice, membre de la branche néerlandaise de l’IPA (International Play Association), membre du Special Interest Group Outdoor Play & Learning de la EECERA (European Early Childhood & Education Research Association) et il a mis sur pied un réseau international tournant autour du sujet du « jeu risqué ».

 

Références

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