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L’exposition à la biodiversité naturelle améliore le système immunitaire des enfants en garderie après un mois

L’exposition à la biodiversité naturelle améliore le système immunitaire des enfants en garderie après un mois

Merci à Dre Marja Roslund (Université d’Helsinki) pour sa contribution pour ce texte.

 

De nouvelles recherches démontrent la causalité entre l’exposition à la biodiversité naturelle, le microbiote commensal des enfants et la régulation immunitaire.  

Des études comparatives entre des enfants vivant dans des environnements urbains et ruraux ont montré une plus faible diversité du microbiote commensal et une prévalence plus élevée de maladies à médiation immunologique chez les enfants des environnements urbains. Selon l’hypothèse de la biodiversité, la principale raison de l’incidence élevée des maladies non transmissibles à médiation immunologique, comme le diabète de type 1, l’asthme, l’atopie et les allergies, est la diminution de la biodiversité dans les zones urbaines. Cette baisse de la biodiversité limite l’exposition à un microbiote naturel diversifié, essentiel au développement normal du système immunitaire durant l’enfance. Cependant, les preuves concluantes basées sur des études d’intervention sur l’homme sont encore insuffisantes.

C’est pourquoi Dre Marja Roslund et ses collègues ont mené une intervention pour étudier le lien entre l’environnement, le microbiote commensal et les réponses immunitaires chez 75 enfants de milieux urbains fréquentant 3 types d’environnements de garde différents :

  1. Des cours standards de garderies urbaines comprenant peu ou pas d’espace vert,
  2. Des cours d'intervention aménagées avec du gazon et de la forêt, et
  3. Des garderies axées sur la nature, dans lesquelles les enfants se rendent quotidiennement en forêt (qui a servi de contrôle positif).

Les chercheurs ont mesuré le microbiote de la peau et de l’intestin ainsi que les marqueurs immunitaires avant et après l’intervention de 28 jours, et ils ont comparé le microbiote environnemental entre les cours standard et d’intervention.

Comme mentionné dans l’article publié récemment et intitulé «Biodiversity intervention enhances immune regulation and health-associated commensal microbiota among daycare children», Dre Roslund et ses collègues ont révélé qu’après un seul mois, les enfants fréquentant une garderie où la cour est axée sur la nature et la forêt voyaient une amélioration de leur système immunitaire..

Les auteurs ont constaté que l’augmentation de la diversité des gammaprotéobactéries de la peau, qui renforcent la défense immunitaire de la peau, était associée à une proportion plus élevée de cellules T régulatrices (Tregs), qui sont essentielles pour prévenir les maladies auto-immunes, maintenir la tolérance périphérique et limiter les troubles inflammatoires chroniques. Ils ont également constaté une augmentation de la cytokine multifonctionnelle TGF-β, essentielle pour réguler les réponses immunitaires et l’immunité adaptative. En outre, l’augmentation de la diversité gammaprotéobactérienne de la peau a été reliée à une diminution de la cytokine pro-inflammatoire interleukine-17A, qui est associée à la survenue de maladies auto-immunes. Enfin, les auteurs ont observé une composition distincte du microbiote intestinal qui était favorable chez les enfants exposés à la cour en forêt par rapport aux enfants qui jouaient dans les cours urbaines standards.

Ces résultats soutiennent la thèse voulant que l’exposition à la biodiversité naturelle facilite la régulation immunitaire et, par conséquent, que cela puisse réduire la prévalence des maladies d’origine immunologique dans les pays développés. Surtout, cette étude démontre que modifier l’environnement de vie des enfants avec des matériaux naturels microbiologiquement diversifiés est une approche réalisable pour réduire la prévalence des maladies d’origine immunologique dans les populations urbaines, et ainsi réduire le fardeau médical et financier de ces maladies.

« Cette étude publiée récemment et portant sur des enfants en garderie est la première dans laquelle ces changements offrant une protection contre les maladies ont été constatés par l’ajout d’aspects diversifiés de la nature à un environnement urbain », affirme Aki Sinkkonen, chercheur scientifique au Natural Resources Institute Finland, qui a mené l’étude publiée dans Science Advances.

Les groupes de recherche de Heikki Hyöty, professeur en virologie, et Juho Rajaniemi, professeur en urbanisme, de l’Université de Tampere ont participé à l’étude.

« Les résultats de cette étude sont encourageants lorsqu’on cherche de nouvelles possibilités pour la prévention des troubles du système immunitaire. D’autres études visant à atteindre cet objectif sont déjà lancées », affirme Heikki Hyöty.

Ces découvertes et une étude précédente sur le bien-être (en anglais), du même groupe, dans laquelle les auteurs ont montré que grâce aux cours vertes les enfants étaient inspirés dans leur jeu, qu’ils diversifiaient leurs activités et faisaient plus d’activité physique, ont pu démontrer ensemble l’importance d’intégrer des espaces naturels aux environnements urbains pour le développement sain des enfants.

« Il est bien difficile de comprendre que, de nos jours, nos enfants jouent dans des cours recouvertes pratiquement uniquement d’asphalte, de sable et de tapis en plastique. Nous devrions prendre soin de nos enfants et modifier leur milieu de vie afin que chacun ait la chance de jouer dans des environnements biodiversifiés pour assurer le développement naturel de leur système immunitaire », ajoute Roslund.

Un article scientifique de l’étude conjointe de Natural Resources Institute Finland, l’Université d’Helsinki, l’Université de Tampere, l’Université d’Eastern Finland et Charles University à Prague a paru dans Science Advances.

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Dre Marja Roslund est chercheuse au sein du Programme de recherche sur les écosystèmes et l’environnement, à la Faculty of Biological and Environmental Sciences, de l’Université d’Helsinki, en Finlande.