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Est-ce que le temps que passe votre enfant à l’extérieur favorise son contact avec la nature?

Est-ce que le temps que passe votre enfant à l’extérieur favorise son contact avec la nature?

Merci à Murry Burgess (North Carolina State University), Rachel Szczytko (Pisces Foundation) et Kathryn Stevenson (North Carolina State University) pour leur contribution pour ce texte.

Est-ce que les enfants qui partagent votre vie passent du temps à l’extérieur? Que font-ils? Peut-être font-ils des excursions en famille, des sports organisés, ou alors ils passent du temps seuls dans la cour. De nouvelles recherches montrent que ces expériences durant l’enfance sont essentielles pour créer et entretenir un lien avec la nature, ce qui favorise la santé et le respect de l’environnement à l’âge adulte. Toutefois, certaines expériences sont plus favorables que d’autres pour atteindre ces objectifs.

La connexion avec la nature peut être définie ainsi : 1) ressentir des émotions positives par rapport à la nature, et 2) se sentir à l’aise et en sécurité, autant physiquement que mentalement, dans la nature. Dans le cadre d’une étude portant sur 1285 enfants de 9 à 12 ans des écoles de Caroline du Nord, Rachel Szczytko, auteur principal de l’étude How combinations of recreational activities predict connection to nature among youth a découvert que le temps passé en solitaire dans la nature, associé à des activités sociales, était le facteur le plus déterminant de la connexion avec la nature.

Grâce à un sondage en ligne, Szczytko a demandé aux enfants quelles expériences ils avaient vécues en plein air et quels sentiments ils éprouvaient par rapport à la nature. Parmi les expériences citées, on trouvait le temps passé dans la nature en solitaire, en groupe ou en famille, ainsi que des activités plus précises, comme la randonnée, le camping, la chasse, la pêche et différents sports. Szczytko a ensuite analysé ces réponses pour déterminer les activités les plus propices à la connexion avec la nature.

Le fait de passer du temps seul en nature s’est révélé le facteur le plus déterminant pour développer une connexion avec la nature. Cela montre le besoin de laisser les enfants jouer seuls à l’extérieur. Nul besoin de les laisser sans supervision aucune pour qu’ils développent cette connexion; les enfants ont seulement besoin de temps pour explorer d’eux-mêmes. En fait, même certaines activités structurées et relativement supervisées, comme la pêche ou la chasse, se sont révélées aussi déterminantes pour la connexion avec la nature. Ainsi, même supervisées, celles-ci permettent un moment de contemplation calme et d'expression individuelle.

Néanmoins, les activités en solitaire ne sont pas le seul facteur en jeu. Le temps de socialisation avec d’autres personnes à l’extérieur apparaît comme un facteur secondaire de prédiction d’une véritable connexion avec la nature. Les interactions de groupe consistent entre autres à jouer avec des amis, à faire du camping et à pratiquer un sport. Les relations avec un groupe social favorisent les affinités à long terme en adoptant le comportement de groupe. Par exemple, des jeunes ornithologues qui sortent en groupe plusieurs fois par mois ont plus de chances de devenir des ornithologues à l’âge adulte. Ainsi, le temps passé en solitaire dans la nature, associé à une activité sociale en plein air, est la combinaison gagnante pour inculquer aux enfants une bonne connexion avec la nature.

Si tous les types de jeux extérieurs ne sont pas nécessairement égaux, cette étude suggère que la connexion avec la nature des différents ethnies et sexes l’est. Dans cette étude, les auteurs ont constaté qu’il n’y avait pas de différences à cet effet entre les garçons et les filles ou entre les élèves blancs et non blancs. Malgré ces points positifs, des inégalités environnementales demeurent. De nombreuses études ont déjà démontré la sous-représentation des gens de couleur dans des lieux typiquement associés à la connexion avec la nature, comme les loisirs de plein air et les emplois dans la conservation. Spécifiquement, les minorités ethniques n’ont que peu de contacts avec les espaces verts, et particulièrement peu de temps libre en solitaire, en raison du danger perçu, des différences culturelles ou des barrières systémiques. De plus, pour ceux qui vivent en milieu urbain – et en particulier dans des communautés à faible revenu – le peu d'espaces verts est un obstacle supplémentaire à la participation au plein air. Voilà d’importantes barrières qu’il faut ajuster et tandis que cette étude suggère que les filles et les élèves de couleur ont autant de chance que les garçons et les élèves qui s’identifient comme blancs de faire partie d’un groupe qui est connecté à la nature, les auteurs soulignent l’importance de donner accès à tous les enfants à des espaces extérieurs pour qu’ils puissent établir une connexion avec la nature.

Alors, que faire s’il n’y a ni champs ni forêts près de chez vous? Ne vous en faites pas! La connexion avec la nature peut s’établir même sur des petites parcelles de «verdure». Un petit parc de quartier ou même des plantes d’intérieur peuvent créer cette étincelle. Aussi, Szczytko recommande que les programmes d’éducation en environnement — qui sont souvent considérés comme une façon plus sûre d’exposer à la nature les différents groupes racialisés — incluent plus d’activités individuelles. Grâce à de telles options, la nature pourrait être vécue n’importe où, permettant ainsi à tout enfant de développer une connexion avec elle.

Le fait de passer plus de temps dans la nature nous fait voir celle-ci comme notre maison, et nous souhaitons tous aimer et protéger nos maisons. Accorder à tous les enfants la juste combinaison de jeu à l’extérieur en solitaire et en groupe est crucial pour élever une prochaine génération d’adultes responsables à l’égard de l’environnement.

Lisez l’article complet ici (en anglais).

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Murry Burgess étudie à la maîtrise au Department of Fisheries, Wildlife, and Conservation Biology de la North Carolina State University.

Rachel Szczytko est Associée du programme d’éducation environnementale à la Pisces Foundation à San Francisco.

Kathryn Stevenson est Professeur adjoint au Department of Parks, Recreation and Tourism Management de la North Carolina State University.