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Le jeu d’aventure, un antidote à l’anxiété : Une occasion pour les enfants d’apprendre ce que sont l’incertitude, la peur, la nervosité et la maîtrise de soi

Le jeu d’aventure, un antidote à l’anxiété : Une occasion pour les enfants d’apprendre ce que sont l’incertitude, la peur, la nervosité et la maîtrise de soi

Merci à la Professeure Helen Dodd (Université de Reading) pour sa contribution pour ce texte.

Lorsque les enfants jouent de façon plus aventureuse, qu’ils grimpent dans les arbres, descendent une côte à toute vitesse en vélo, sautent du haut d’une roche, ils éprouvent des sentiments de peur et d’excitation, ils vivent des frissons et de l’adrénaline. Dans un document conceptuel que nous avons publié (en anglais), Dre Kathryn Lester et moi-même discutons du fait que ces expériences, de même que les sentiments de peur qui les accompagnent, peuvent représenter des occasions d’apprentissage vitales qui aident à prévenir le développement d’une anxiété problématique chez les enfants.

Au cours des dernières décennies, il y a eu beaucoup de recherche sur les troubles anxieux chez les enfants afin de mieux comprendre qui est à risque, pourquoi certains invidus sont à risque, et ce que nous pouvons faire. Bien qu’il reste encore du travail à faire, nous avons aujourd’hui une idée plutôt fiable des types de pensées, sentiments et comportements qui ont une incidence sur les probabilités d’anxiété chez les enfants (p. ex., l'intolérance à l'incertitude, l'évitement, la sensibilité à l'anxiété, la mésadaptation) (liens en anglais). Nous sommes suffisamment confiants par rapport à ces mécanismes et, par conséquent, des chercheurs ont commencé à développer et à évaluer des programmes qui les ciblent afin d’essayer de prévenir l’anxiété chez les enfants. Plusieurs de ces programmes adoptent une approche cognitivo-comportementale, comme le fait le programme Cool Little Kids (en anglais).

Dans notre document conceptuel, nous nous appuyons sur nos connaissances des facteurs cognitifs et comportementaux associés à l’anxiété chez les enfants pour suggérer qu’un certain nombre de ces facteurs pourraient être ciblés par ce que nous appelons le jeu d’aventure.

Dans notre article, nous mentionnons que le jeu d’aventure est « un jeu dirigé par l’enfant où celui-ci éprouve des sentiments subjectifs d’excitation, de frénésie et de peur; cela se produit souvent dans un contexte de prise de risque adapté à son âge ».

D’autres chercheurs, comme la Professeure Ellen Sandseter, font référence à ce type de jeu en le nommant risky play (soit : jeu comportant des risques ou jeu à risque). À notre avis, il s’agit de différents noms pour le même type de jeu, nous préférons simplement le jeu d’aventure car nous trouvons que certains parents, du moins au Royaume-Uni, mésinterprétaient le sens de jeu à risque.

L’argument principal de notre document conceptuel est que le jeu d’aventure permet aux enfants de s’exposer à l’incertitude, à la peur, à la nervosité et à la capacité d’adaptation et leur donne donc l’occasion d’apprendre à connaître ces éléments. Pour que les enfants apprennent à tolérer l’incertitude, ils doivent avoir la possibilité de la vivre. De même, pour mieux comprendre ce qu’est l’éveil physiologique (le cœur qui bat plus fort, les mains moites et les papillons dans le ventre), il faut qu’ils aient l’occasion de vivre ces sensations. Le jeu d’aventure est un moyen sûr d’expérimenter ces sentiments lorsque les enfants explorent dans leur jeu des risques adaptés à leur âge. De leur côté, ces expériences pourraient aider les enfants à se familiariser avec l’incertitude, la peur, le jugement du risque et la capacité d’adaptation; ces connaissances pourraient les aider plus tard à ne pas se laisser submerger par l’anxiété lorsqu’ils seront confrontés à une situation inquiétante ou incertaine

Malheureusement, aujourd’hui, nombre d’enfants n’ont pas les mêmes possibilités de jouer de manière aventureuse qu’avaient les enfants d’autrefois. Au cours des dernières décennies, le temps que les enfants occidentaux passent à jouer à l'extérieur a diminué considérablement. Plusieurs raisons expliquent ce déclin, mais l’une des plus importantes est l’accent toujours croissant qui est mis pour protéger les enfants de toute blessure physique. Bien sûr, nous voulons tous que nos enfants soient en sécurité, mais un point est inquiétant à cela : peut-être gardons-nous nos enfants trop en sécurité. En surprotégeants les enfants des dangers physiques, nous augmentons possiblement les risques qu’ils aient des troubles émotionnels en leur bloquant certaines occasions d’apprentissage à travers le jeu d’aventure.

Notre programme de recherche pour les prochaines années s’appuiera sur ce document conceptuel et tentera de déterminer si nous pouvons réduire la probabilité que les enfants souffrent d’une anxiété problématique en leur offrant plus d’occasions de s’adonner à des jeux d’aventure, tant dans l’école qu’à l’extérieur.

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La Professeure Helen Dodd est une Future Leaders Fellow de l’UKRI et est Professeure de Pédopsychologie à la School of Psychology and Clinical Language Sciences, à l’Université de Reading, au Royaume-Uni.