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Comment les adultes peuvent collaborer pour donner à nos enfants plus de possibilités d’activités en plein air dans les années à venir

Comment les adultes peuvent collaborer pour donner à nos enfants plus de possibilités d’activités en plein air dans les années à venir

Merci à Eun-Young Lee, Ph. D., de la School of Kinesiology & Health Studies de l’Université Queen, à Kingston, au Canada; Stephen Hunter, Candidat au doctorat, Faculty of Kinesiology, Sport and Recreation de l’Université de l’Alberta, à Edmonton, au Canada; et Mark S. Tremblay, Ph. D., Groupe de recherche sur les saines habitudes de vie et l’obésité, Institut de recherche du Children’s Hospital of Eastern Ontario, à Ottawa, au Canada, pour leur collaboration pour ce texte.

Le jeu à l’extérieur ou le simple fait de passer du temps dehors comportent de nombreux avantages pour la croissance et le développement sains des enfants. Et surtout, jouer ou passer du temps à l’extérieur est amusant pour les enfants lorsque ce sont eux qui dirigent. Malgré de tels avantages, il a été démontré que le jeu à l’extérieur ou le temps que passent les enfants ensemble ont diminué au fil des ans (1). Il est probable que plusieurs sources d’influence aient un impact sur une telle diminution, notamment les changements de mode de vie (2) en raison de l’urbanisation (3) et des avancées technologiques (4), la sécurité des enfants et les craintes des parents (5,6), et une évolution des normes sociales concernant la mobilité autonome des enfants (1,7). Les occasions qu’ont les enfants de fréquenter des environnements extérieurs et naturels pourraient continuer à diminuer dans un monde socioenvironnemental en constante évolution. Ce phénomène est devenu particulièrement évident avec la pandémie actuelle de la COVID-19, où les consignes de confinement à la maison pour tous et les restrictions sur la fréquentation des espaces extérieurs publics dissuadent les enfants de jouer à l’extérieur (8–10).

Facteurs qui ont un impact sur le jeu et le temps à l’extérieur chez les enfants

Dans une revue systématique parue récemment (en anglais) dans l’International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, on a analysé les facteurs pouvant possiblement jouer sur la participation au jeu à l’extérieur et au temps passé dehors chez les enfants de 3 à 12 ans (11). Se basant sur 107 articles de recerche en anglais, en mandarin, en portugais et en espagnol de 29 pays, les résultats de cette revue montrent que les enfants n’ont pas tous le même accès et les mêmes occasions de jeu et de temps à l’extérieur. Cette synthèse a permis de relever plusieurs facteurs clés qui ont un impact sur le jeu et le temps à l’extérieur chez les enfants durant notre ère contemporaine. Selon une structure de modèle socioécologique, ces facteurs clés ont été présentés dans le Figure 1 qui suit.

Figure 1. Facteurs influençant le jeu et le temps à l’extérieur chez les enfants de 3 à 12 ans dans un cadre de modélisation socioécologique.

Certains facteurs individuels semblent aussi influencer les enfants dans leur participation au jeu à l’extérieur et le temps passé à l’extérieur.

Le fait d’être un garçon, de compter parmi le groupe ethnique dominant et d’avoir l’anglais comme langue principale, de posséder une plus grande autonomie/indépendance et une bonne mobilité autonome, de participer régulièrement à des activités physiques, d’avoir un tempérament plus actif, et de présenter un profil de poids sain étaient toutes des conditions qui équivalaient à plus de temps et de jeu à l’extérieur.

Pour ce qui est des parents, leur ethnie (faire partie du groupe dominant), leur éducation (avoir peu ou pas d'éducation), et le statut d’emploi de la mère (être sans emploi) semblent être les conditions représentant plus d’occasions pour les enfants de vivre du jeu et du temps à l’extérieur. Le soutien des parents (c.-à-d., la coparticipation, l’encouragement, agir en tant que modèles, et le soutien matériel), leur comportement (c.-à-d., l’activité à l’extérieur, marcher, faire des sports organisés, et l’activité physique en général) et leur attitude (c.-à-d., par rapport à la nature, aux loisirs, à la marche et à l’activité physique de l’enfant) étaient des atouts favorisant le jeu et le temps à l’extérieur pour les enfants. Néanmoins, les craintes des parents, comme de redouter que le jeu à l’extérieur soit risqué ou non sécuritaire, ainsi que l’hyperparentalité ou la parentalité restrictive, ont été associées à une diminution des occasions de jeu et de temps à l’extérieur.

À l’échelle du microsystème, le fait de ne pas avoir de frères et sœurs mais plutôt des chiens ou des animaux domestiques à la maison, de passer plus de temps avec ses parents, d’avoir des compagnons de jeu réguliers, d’être soutenu par ses pairs et de prendre exemple sur eux pour jouer à l’extérieur semble aider les enfants à passer plus de temps à l’extérieur et à jouer. En outre, le fait de disposer d’un terrain de jeu chez un ami ou un proche, le soutien ou la stimulation de la part d’adultes autres que les parents, et le fait de disposer d’un meilleur filet social et d’un capital lié à l’activité physique et à l’obésité chez l'enfant étaient également associés à plus de temps passé à l’extérieur et à jouer. Par rapport à l’environnement physique des lieux de résidence des enfants, vivre dans une maison détachée, un logement social, un bâtiment avec une cour et un voisinage qui compte des culs-de-sac équivalaient, pour les enfants, à plus d’occasions d’être en plein air. Étrangement, la présence d’articles électroniques dans la chambre de l’enfant était aussi associée à plus de jeu et de temps à l’extérieur.

Au niveau du macrosystème et de la communauté, le fait de disposer d'installations de loisirs et d'activités physiques, d'espaces de jeux et de terrains de jeux à proximité dans le quartier semble offrir davantage de possibilités d'activités extérieures aux enfants.

Sur le plan le plus éloigné (écologie physique), les températures chaudes, au printemps et à l’été, et les environnements ruraux par rapport aux environnements suburbains ou urbains étaient associés à plus de jeu et de temps à l’extérieur pour les enfants.

En résumé, le temps et le jeu que passent les enfants à l’extérieur semblent être influencés par plusieurs facteurs dans le cadre d’un modèle socioécologique. Les corrélats sur les plans individuel et parental interagissent probablement au sein des systèmes familiaux globaux à l’échelle du microsystème. Ainsi, l’environnement socioculturel dont font partie les parents, basé sur leur origine sociodémographique et celle de leurs enfants, pourrait influencer leur choix de quartier et de domicile, ainsi que leurs pratiques et leur soutien pour offrir des occasions de plein air. Les craintes des parents en matière de sécurité, associées à des questions sociétales plus générales, comme la diminution du sentiment de communauté ou les changements dans les schémas d’emploi et les longues heures de travail, pourraient les empêcher de fournir à leurs enfants des occasions de jouer et de passer du temps à l’extérieur (12).

Les enfants n’ont pas tous le même accès et les mêmes occasions de jeu et de temps à l’extérieur.

Dans une même veine, notons que de nombreux parents ne choisissent pas nécessairement l’endroit où ils vivent et la manière dont ils élèvent leurs enfants, mais que des facteurs structurels, comme leur condition socioéconomique, peuvent vraisemblablement limiter leurs possibilités et, par conséquent, déterminer leurs options de vie et d’éducation de leurs enfants, influençant ainsi leurs décisions concernant leur maison et leur quartier. En plus de l’environnement physique et social proximal, l’environnement physique et écologique distal, tel que l’infrastructure du quartier (c.-à-d., les aires de jeux, les terrains de jeux, les installations de loisirs ou d’activités physiques) et l’écologie (c.-à-d., les températures chaudes, le printemps et l’été, et la ruralité) pour le jeu et le temps à l’extérieur semblent également avoir un rôle à jouer.

Éléments à considérer pour offrir davantage de possibilités de plein air aux enfants

Les enfants sont nés pour jouer. Et les avantages du jeu peuvent être optimisés quand les enfants sont à l’extérieur. Toutefois, les conditions dans lesquelles ils sont nés et vivent causent vraisemblablement des inégalités quant aux occasions de jeu et de temps à l’extérieur. Il est donc de notre responsabilité, en tant qu’adultes, de voir à offrir des occasions égales à tout enfant de jouer librement, d’apprendre et de socialiser, et de s’amuser et s’épanouir en plein air.

La nécessité grandissante d’offrir plus d’occasions de moments à l’extérieur à nos enfants s’est imposée, surtout en raison des conséquences négatives de la pandémie de la COVID-19 sur le comportement et la santé des enfants (13–15). Sur la base des facteurs déterminants relevés dans la synthèse (11), quelques suggestions concrètes sont proposées ci-dessous pour les parents et les communautés, les chercheurs, les urbanistes et les décideurs politiques afin de créer plus d’occasions de plein air équitables pour nos enfants. Malgré que la synthèse n’a pas relevé de facteurs clés influençant le jeu et le temps à l’extérieur, nous présentons des suggestions basées sur les études incluses dans la synthèse et qui donnaient des résultats préliminaires (16–19).

Pour les parents et les communautés

  • Action collective : Joignez-vous aux membres de votre communauté et créez ensemble un environnement libre, tout en veillant à la sécurité afin d’augmenter les occasions d’activités à l’extérieur pour tous les enfants dans la bulle de votre voisinage.
  • Action inclusive : Veillez à la diversité ethnique et de genre dans les groupes de jeu et les programmes communautaires de vos enfants, afin qu’ils puissent promouvoir non seulement la cohésion sociale de la communauté, mais aussi les valeurs d’inclusion chez vos enfants et dans la communauté. Les nouveaux arrivants au Canada peuvent parfois rencontrer plus de défis s’ils souhaitent amener leurs enfants à l’extérieur en raison de barrières de langue ou de différentes normes sociales par rapport à la sécurité et à l’éducation (20). Les ressources et programmes communautaires s’adressant aux familles et enfants nouvellement arrivés doivent considérer ces différentes interculturelles lorsqu’ils font la promotion d’activités de plein air.

Pour les éducateurs et les professionnels

  • Environnements extérieurs et programmation extérieure régulière pour l’éducation et l’accueil des jeunes enfants (EAJE) : Pouvoir profiter de plus d’espaces d’ombre et de verdure s’avère important pour les enfants quant au jeu et au temps à l’extérieur en garderie. Aussi, puisque l’automne, l’hiver et les températures froides constituent généralement des obstacles aux activités de plein air, les programmes d’EAJE doivent prévoir des activités extérieures par tous les temps, afin que les enfants puissent jouer à l’extérieur chaque jour.
  • Pratiques centrées sur l’enfant : Se concentrer davantage sur le jeu de l’enfant en tant que tel, qui soit librement choisi et autonome, et moins sur les activités dirigées par des adultes et sur la supervision, afin de permettre aux enfants de s’amuser davantage et d’être heureux à l’extérieur.

Pour les chercheurs

  • Terminologie : Déterminer des définitions claires et l’opérationalisation du jeu à l’extérieur, du temps à l’extérieur et d’autres termes importants pour dissiper la confusion qui règne dans le milieu faire avancer la mesure du jeu à l’extérieur et du temps à l’extérieur.
  • Mécanismes : Examiner les mécanismes (c.-à-d., les interactions et processus entre les variables à différents niveaux du modèle socioécologique) pour tenter d’expliquer la faible cohérence et les preuves limitées observées aux échelons distaux du modèle socioécologique, ainsi que l’absence de preuves au niveau institutionnel. Ceci est particulièrement important puisque l’on sait que l’EAJE joue un rôle essentiel dans la définition du comportement des enfants pendant les heures de garde (16,21).
  • Contexte, contexte, contexte : Des analyses, des recommandations et des stratégies d’intervention plus nuancées pourraient s’avérer nécessaires, en particulier pour les enfants défavorisés, étant donné que les conditions dans lesquelles les enfants naissent, vivent et jouent varient grandement selon les individus, les quartiers, les communautés, les religions, les cultures et les pays.

Pour les urbanistes et les décideurs politiques

  • Besoins en infrastructures : Le fait de disposer d’installations de loisirs et d’activité physique en plein air, d’un espace de jeu et de terrains de jeux dans chaque quartier résidentiel semble important
  • Paysage rural en zones urbaines : Compte tenu de la progression de l’urbanisation et du développement mondial, il peut être important de conserver les environnements naturels dans les zones rurales tout en créant davantage d’espaces verts dans les centres urbains.

Lisez la revue systématique ici (en anglais).

 

Références

  1. Tremblay MS, Gray C, Babcock S, Barnes JD, Bradstreet CC, Carr D, et al. Position statement on active outdoor play. Int J Environ Res Public Health. 2015;12(6):6475–505.
  2. Tremblay MS, Esliger DW, Tremblay A, Colley R. Incidental movement, lifestyle-embedded activity and sleep: New frontiers in physical activity assessment. Appl Physiol Nutr Metab. 2007;32(Suppl 2):S208-17.
  3. United Nations. World Urbanization Prospects The 2018 Revision [Internet]. Prospects. New York; 2018 [cited 2018 Oct 5]. Available from: https://population.un.org/wup/Publications/Files/WUP2018-KeyFacts.pdf
  4. York R, Rosa EA, Dietz T. Footprints on the earth: The environmental consequences of modernity. Am Sociol Rev. 2003;68(2):279–300.
  5. Valentine G, McKendrck J. Children’s outdoor play: Exploring parental concerns about children’s safety and the changing nature of childhood. Geoforum. 1997;28(2):219–35.
  6. Brussoni M, Olsen LL, Pike I, Sleet DA. Risky play and children’s safety: Balancing priorities for optimal child development. Int J Environ Res Public Health. 2012;9(9):3134–48.
  7. Kyttä M, Hirvonen J, Rudner J, Pirjola I, Laatikainen T. The last free-range children? Children’s independent mobility in Finland in the 1990s and 2010s. J Transp Geogr. 2015;47:1–12.
  8. Guerrero MD, Vanderloo LM, Rhodes RE, Faulkner G, Moore SA, Tremblay MS. Canadian children’s and youth’s adherence to the 24-h movement guidelines during the COVID-19 pandemic: A decision tree analysis. J Sport Heal Sci. 2020;
  9. de Lannoy L, Rhodes RE, Moore SA, Faulkner G, Tremblay MS. Regional differences in access to the outdoors and outdoor play of Canadian children and youth during the COVID-19 outbreak. Can J Public Health. 2020;111:988-994.
  10. Mitra R, Moore SA, Gillespie M, Faulkner G, Vanderloo LM, Chulak-Bozzer T, et al. Healthy movement behaviours in children and youth during the COVID-19 pandemic: Exploring the role of the neighbourhood environment. Health Place. 2020 1;65:102418.
  11. Lee E-Y, Bains A, Hunter S, Ament A, Brazo-Sayavera J, Carson V, et al. Systematic review of the correlates of outdoor play and time among children aged 3-12 years. Int J Behav Nutr Phys Act. 2021;18(1):41.
  12. Lee H, Tamminen KA, Clark AM, Slater L, Spence JC, Holt NL. A meta-study of qualitative research examining determinants of children’s independent active free play. Int J Behav Nutr Phys Act. 2015;12(1):5.
  13. Reilly JJ, Tremblay MS. Rewild your kids: why playing outside should be a post-pandemic priority [Internet]. The Conversation. 2021 [cited 2021 Mar 12]. Available from: https://theconversation.com/rewild-your-kids-why-playing-outside-should-be-a-post-pandemic-priority-156077
  14. Alden C. Coronavirus spotlights equity and access issues with children’ s right to play [Internet]. The Conversation. 2020 [cited 2021 Mar 12]. p. 1–5. Available from: https://theconversation.com/coronavirus-spotlights-equity-and-access-issues-with-childrens-right-to-play-137187
  15. McNamara L, Sahlberg P. Kids will need recess more than ever when returning to school post-coronavirus [Internet]. The Conversation. 2020 [cited 2021 Mar 12]. Available from: https://theconversation.com/kids-will-need-recess-more-than-ever-when-returning-to-school-post-coronavirus-139165
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