Merci à Laura Molyneux, de la Cloudberry Forest School, Terre-Neuve-et-Labrador, pour ce texte.

Ma collègue et moi sommes en train d’écrire un livre ensemble. Nous avons choisi comme titre « Les choses que vous ne pensiez jamais faire en tant qu’EPE » (“Things You Didn’t Think You’d Do As An ECE”). Notre ajout aujourd’hui expliquait quoi faire lorsque l’on trouve un geai bleu mort. La semaine dernière, nous avons rédigé une évaluation des risques par rapport à l’alimentation des boucs pendant la période de mise bas. Il y a aussi une partie sur le temps que nous avons pour pelleter tout le poulailler après une tempête parce que les poules n’aimaient pas avoir froid aux pattes.

Ces expériences, et tant d’autres, sont des morceaux de notre propre enfance. Les valeurs de la terre, de la nature, de la créativité et de la fantaisie sont celles que nous tentons d’inculquer au sein de notre propre communauté à l’École en forêt. Après 10 années à cette école, nous avons créé un programme pour Cloudberry où l’adjectif commun qu’utilisent tous les parents, enfants, éducateurs et responsables des permis est « magique ».

C’est cette croyance en la terre, la température, la liberté durant l’enfance et le rôle de l’adulte qui nous a guidés vers notre projet avec la Fondation Lawson. Nous établissons un centre de démonstration, une école-laboratoire et une preuve de concept – en montrant aussi fidèlement que possible comment nous appliquons ces valeurs et les intégrons aux aide-mémoire, aux protocoles de sécurité et aux meilleures pratiques de l’éducation et l’accueil des jeunes enfants, ainsi qu’à la loi et à la réglementation sur les services de garde d’enfants.

Nous croyons qu’une politique doit avoir un but – garder les enfants en sécurité et tenir les éducateurs responsables de la meilleure pratique. Pour nous, cela ne signifie pas nécessairement une surveillance militante excessive de l’entreposage des sacs en plastique dans un vestiaire ou des nuances dans la définition de ce qu’est une structure de jeu. Pour nous, la politique et la réglementation devraient correspondre à une approche de gestion et d’atténuation des risques combinée à des démonstrations de programmes et de plans de sécurité. Le problème n’est pas que les sacs de plastique soient dans une armoire barrée ou à 12 pieds dans les airs, c’est plutôt de savoir si les tout-petits peuvent avoir accès à ces sacs et représenter un danger pour eux-mêmes ou pour les autres.

Nous croyons que les enfants, les éducateurs et les responsables possèdent la compétence, la capacité et la curiosité nécessaires et qu’ils sont capables de porter des jugements et de prendre des décisions qui assurent la sécurité, tant à eux-mêmes qu’à autrui. En utilisant notre programme, des registres de sécurité et un processus d’évaluation externe, nous ouvrons les portes de Cloudberry au Ministère de l’Éducation pour qu’il évalue les possibilités d’attribuer un permis à un programme de jeu à l’extérieur comme le nôtre. Pour combiner le Cadre pédagogique d’apprentissage des jeunes enfants et les règlements de fonctionnement et déterminer où nous nous situons et là où la politique et la réglementation gagneraient à être plus naturelles et flexibles. Pour faire le point sur la politique et explorer les possibilités de démontrer les compétences et les aptitudes des enfants, des éducateurs hautement qualifiés et des responsables de la santé et de la sécurité. Pour déterminer si le but de la politique est en réalité de vérifier la hauteur de la chasse des toilettes – ou bien la possibilité de se servir de la recherche et des meilleures pratiques pour présenter des normes d’hygiène de haute qualité de façon créative.

Nous nous ouvrons également aux éducateurs. Pour permettre aux enseignants stagiaires et en poste de participer à la fois à la formation et au programme, afin qu’ils puissent devenir des éducateurs qualifiés, compétents et aptes en matière de pédagogie en plein air dans leurs propres centres, écoles et communautés. Nous pouvons aider à soutenir et à guider les éducateurs de partout dans la province qui souhaitent lancer leurs programmes dans leurs communautés.

Notre école se trouve dans une ferme, à Terre-Neuve, sur une île au milieu de l’océan Atlantique Nord. Oui, nous avons beaucoup pour nous, mais je crois que l’essentiel demeure la créativité et la résilience. Nos arbres poussent à 45 degrés, et nous avons ri quand notre fermier californien a suggéré que l’on creuse des trous pour installer des poteaux de clôture, mais nous pouvons toujours raconter la fois où il faisait si froid, qu’il pleuvait à l’horizontale depuis 12 jours sans arrêt et où un des enfants a pris une grande respiration, m’a regardée droit dans les yeux et a dit : « N’est-ce pas ici le plus bel endroit, Laura? »

Comme l’a dit notre évaluateur, si nous pouvons le faire à Terre-Neuve-et-Labrador, alors nous pouvons le faire n’importe où, et dans un monde post-pandémie, je crois que c’est un avantage pour tous.

Laura Molyneux est éducatrice de la petite enfance en plein air à Terre-Neuve. Sa passion est de créer en communauté de manière originale et éclatante grâce à l’École en forêt Cloudberry, là où ils sont situés, à la ferme O’Brien, à St John. Si elle n’est pas à la ferme, elle peut être occupée à veiller sur des chiens âgés bien au-delà de leur espérance de vie et à manger plus de plats pour emporter qu’elle ne le devrait. Et pour la prochaine aventure… elle prévoit acheter un kayak, et on lui a dit que cet été, elle apprendrait à pêcher.

Ce projet a été financé par la Fondation Lawson, dans le cadre de la phase 2 de sa stratégie sur le jeu extérieur.