You must enable JavaScript to view this website.

Pourquoi les enfants ont besoin de jouer dehors – maintenant plus que jamais!

Cet article a d’abord été publié dans l’infolettre Caring for our Children Newsletter de la BC Aboriginal Child Care Society.

Merci à Rachel Ramsden, doctorante, et Dre Mariana Brussoni, Professeure agrégée, de la School of Population and Public Health, à l’Université de Colombie-Britannique, pour cette publication.

« Il fait trop froid! » « Ça pourrait être dangereux! » « C’est tellement plus simple de rester à l’intérieur! »

Pour de nombreuses personnes personnes qui travaillent en garderie, il est parfois difficile de trouver le temps et de prendre l’initiative de passer du temps dehors avec les enfants. Même avec les douces températures estivales de la Colombie-Britannique, on peut rencontrer plusieurs obstacles pour aller jouer dehors, et ceux-ci sont plus nombreux lorsque les températures refroidissent. Les enfants ou les éducateurs n’ont pas toujours l’équipement nécessaire pour rester au chaud et au sec, ou les éducateurs ne se sentent pas toujours bien équipés pour permettre aux enfants de jouer dehors. Les éducateurs craignent peut-être aussi que les responsables des permis considèrent certaines activités extérieures comme représentant un risque pour la sécurité.

Il est parfois tentant d’éviter ces questionnements et de rester à l’intérieur avec les enfants. Mais la recherche démontre toute l’importance de s’assurer que les enfants passent le plus de temps possible chaque jour à jouer à l’extérieur. Le jeu à l’extérieur est bien différent qu’à l’intérieur et il comporte plusieurs bienfaits essentiels pour les enfants et les éducateurs. Lorsque nous nous remémorons nos plus beaux souvenirs de jeu durant notre enfance, plusieurs d’entre nous pensent au plein air, lorsque nous jouions avec des amis, inventant nos règles au fil de notre jeu, nous sentant libres de courir, de sauter et de crier comme nous voulions, ce qui était impossible ou interdit à l’intérieur. Cela représentait aussi une belle occasion d’en apprendre sur la terre, avec toutes les créatures et tous les habitants de la nature, et comment les plantes changent au fil des saisons.

De telles expériences se traduisent en différents bienfaits cruciaux pour la santé, le développement et le bien-être des enfants. Lorsqu’ils sont à l’extérieur, les enfants bougent plus, passent moins de temps assis et jouent plus longtemps, ce qui augmente leurs niveaux d’activité physique. De plus, l’activité physique présente plusieurs bienfaits pour la santé des enfants pour leurs systèmes cardiovasculaire et musculosquelettique. Quand les enfants jouent à l’extérieur, ils améliorent aussi leur bien-être mental en développant leur sentiment d’identité, tout en étant apaisés par la nature. Cela leur donne également des possibilités d’apprentissage que l’on ne retrouve pas à l’intérieur, comme la littératie physique et la conscience du milieu. Mais plus encore, lorsque les enfants parcourent la nature, les forêts et les espaces verts et qu’ils en prennent soin, ils acquièrent des outils pour développer une conscience et une appréciation environnementales et pour défendre la nature. Aussi, les enfants à qui l’on permet de prendre des risques et de choisir eux-mêmes leurs jeux à l’extérieur gagnent de la confiance, de la résilience pour surmonter les défis et leur capacité à évaluer les risques par eux-mêmes.

Une crainte générale – particulièrement en hiver – serait que les enfants tomberont malades s’ils vont dehors. Toutefois, en réalité, les enfants risquent plus d’être exposés à une infection dans les environnements à l’intérieur qui sont mal ventilés. Le plein air est bon pour les enfants, car ils y sont exposés à la vitamine D et à l’air frais, ce qui les protège des virus. Dans le contexte actuel de pandémie mondiale, le plein air s’est révélé l’endroit par excellence pour réduire la transmission du virus.

Si les avantages du jeu à l’extérieur nous semblent évidents, les occasions de s’y adonner demeurent limitées. Lors de ces journées où la pluie tombe à verse ou que nous n’avons de vêtements assez chauds pour affronter le froid, il est tellement plus facile de rester à l’intérieur. Or, les enfants apprennent de la façon dont les adultes réagissent par rapport à la température, et si ceux-ci se plaignent des conditions qui sévissent dehors et choisissent de demeurer à l’intérieur, les enfants ne voudront pas sortir eux non plus. Les adultes sont les « gardiens » de ce secret qui permet d’amener les enfants dehors, et ce sont eux les modèles qui peuvent montrer leur amour du plein air dans toutes conditions météorologiques.

Intégrer plus de jeu à l’extérieur à la garderie
Il y a trois éléments clés qui peuvent favoriser le jeu à l’extérieur : le temps, l’espace et la liberté.

Temps : Même si les règlements provinciaux sur la délivrance des permis de garderie peuvent stipuler que les enfants doivent s’adonner à du jeu actif à l’extérieur pendant 60 minutes par jour, les éducateurs peuvent en faire plus. Le fait de passer plus de temps à l’extérieur et de se voir offrir de riches occasions de jeu procure aux enfants de grands avantages sur le plan du développement et leur permet de profiter du plein air pendant toute leur vie, peu importe les conditions météorologiques. Cela peut également bénéficier à leurs familles, qui voient que le jeu est sans risque, amusant et accessible.

Au cours d’une journée, les éducateurs peuvent parfois avoir l’impression que de nombreux centres d’intérêt rivalisent entre eux et sont plus importants que le jeu à l’extérieur. Mais plusieurs de ces autres priorités peuvent être atteintes encore plus facilement grâce au jeu à l’extérieur, par exemple des occasions d’apprendre des concepts mathématiques, la littératie ou la compétence socioémotionnelle. Réfléchissez à une façon de faire participer les enfants à des activités en plein air tout au long de la journée, soit en petits modules ou reproduisant en plein air des activités réalisées habituellement à l’intérieur. Il y a aussi un juste équilibre entre les activités planifiées et le temps libre, mais il faut allouer suffisamment de temps au jeu libre. Vous pouvez envisager de prendre part aux activités avec les enfants, en encourageant le jeu qu’ils ont choisi en vous impliquant, ou simplement en vous tenant à l’écart.

Espace : Des espaces extérieurs de qualité montrent aux enfants des conditions en constant changement et des matériaux libres qui les aident, avec leur imagination, à structurer leur jeu. Les matériaux libres sont des objets que les enfants peuvent déplacer, comme des bâtons, de la boue, de l’eau, des toiles et des caisses. Par chance, ils sont généralement faciles à trouver et gratuits. Encourager le jeu dans différentes conditions météorologiques, comme le vent, la pluie ou la neige, apprend aux enfants à être bien même s’il ne fait pas soleil.

Dans notre province, nous avons la chance d’être entourés de tant de trésors naturels. Avec les montagnes, les lacs et les rivières, les possibilités de jeux à l’extérieur abondent autour de nous. Mais même un petit terrain en nature près de chez nous peut offrir plusieurs possibilités tout aussi exaltantes. On peut réaliser un nombre infini d’idées avec des bâtons – construire un abri, mélanger le nouveau gâteau de boue, dessiner dans le sable. Le feuillage peut servir pour faire un abri, une partie de cache-cache ou créer une maison pour jouer avec les amis. On peut grimper dans les arbres ou s’en servir pour développer notre motricité globale et prendre des risques. On peut dévaler les pentes, culbuter ou glisser. Avec l’équipement approprié et un plan de sécurité pour l’extérieur, même les températures plus froides peuvent créer de nouvelles occasions emballantes et encourager les enfants à jouer dehors.

Liberté : À l’extérieur, les éducateurs changent de rôle; ils passent de leur rôle éducatif à superviseur, et limitent ainsi les enfants dans leurs choix de jeu à l’extérieur, car ils craignent que les enfants se blessent, ou que les autres membres du personnel et parents les trouvent négligents si un enfant se cogne ou se coupe. Garder les enfants en sécurité signifie aussi de les laisser prendre des risques. Les blessures graves sont extrêmement rares, et en n’encourageant pas les enfants à prendre des risques, ils pourraient ne pas développer leur capacité à évaluer les dangers et ainsi rester en sécurité. Lorsqu’ils en ont l’occasion, les enfants font preuve d’une grande habileté pour explorer des environnements difficiles et se réjouir même par temps froid et humide. Au début, il peut être difficile d’éviter la surprotection, mais vous pouvez commencer par adopter de simples mesures comme la Règle des dix-sept secondes : la prochaine fois où vous vous apprêterez à dire « fais attention », comptez d’abord jusqu’à 17.

En encouragent les enfants à jouer dehors cet hiver, vous serez peut-être surpris de constater à quel point vous vous-même y prenez plaisir et comment votre relation avec les enfants en est transformée! Vous aimeriez avoir plus d’information et de l’aide pour effectuer cette transition vers le plein air? Consultez l’outil Outside Play pour les professionnels de la petite enfance et pour les parents.

Références
1. Brussoni M, Gibbons R, Gray C, Ishikawa T, Sandseter EBH, Bienenstock A, et al. What is the relationship between risky outdoor play and health in children? A systematic review. Vol. 12, International Journal of Environmental Research and Public Health. 2015. 6423–6454 p.
2. Vanderloo LM, Tucker P, Johnson AM, Holmes JD. Physical activity among preschoolers during indoor and outdoor child care play periods. Appl Physiol Nutr Metab. 2013;38(11):1173–5.
3. Janssen I, Leblanc AG. Systematic review of the health benefits of physical activity and fitness in school-aged children and youth. Int J Behav Nutr Phys Act. 2010;7(40).
4. Andersen LB, Harro M, Sardinha LB, Froberg K, Ekelund U, Brage S, et al. Physical fitness and cardiovascular risk in children : A cross-sectional study (the European Youth Heart Study). Lancet [Internet]. 2006;368:299-304. Disponible sur :https://ac.els-cdn.
com/S0140673606690752/1-s2.0-S0140673606690752-main.pdf?_tid=34e84a86-04f1-11e8-aff4-00000aab0f02&acdnat=1517229654_605675ccdcddbaae8f2f6521a118dc43
5. Veitch J, Bagley S, Ball K, Salmon J. Where do children usually play ? A qualitative study of parents’ perceptions of influences on children’s active free-play. Heal Place. 2006;12(4):383-93.
6. Fjørtoft I. The natural environment as a playground for children : The impact of outdoor play activities in pre-primary school children. Early Child Educ J. 2001;29(2):111-7.
7. MacPherson S. The Convention on the Rights of the Child. Soc Policy Adm. 1989;23(1):99-101.

Crédit photo : Suraj Shakya, courtoisie d’Unsplash